mardi 26 janvier 2010

Work In Progress (32)


La terrasse aux bambous, journal


Ces longues journées de neige, me devenaient épuisantes. Je continuais avec mes mails, et pas de réponse. Je m’installais dans l’hiver, et j’imaginais que pour elle, ce devait être bien pire encore... Je guettais les nouvelles, rien ne filtrait de ce pays en guerre, rien? Non rien. Sauf quelques linceuls blancs sur des caisses en bois, blancs comme le manteau léger qui couvrait tout l’Est de l’Europe.
Je m’abandonnais à la boisson, comme chaque jour, chaque soirée, lorsque un soir le téléphone sonna vers vingt et une heures. J’étais complètement ivre. C’était elle. Trois semaines sans un mail et soudain un coup de fil. Inattendu. J’étais incapable d’aligner trois mots. Je ne comprenais pas la situation. Le froid chez elle, l’horreur du froid de l’Est, les doigts givrés dans les mitaines. L’effort d’attendre pour avoir le téléphone, la ligne directe, enfin, et à l’autre bout un amant ivre de vin et de bonheur mêlés, muet ou ou presque... Tu me fais peur me dit-elle au bout de quelques minutes. Je ne sus que balbutier un “je suis désolé”, j’étais en larmes. Des remugles de solitude et de vinasse me remontaient à la gorge, les secondes passaient, et je la sentais partir, je la perdais... Je ne trouvais pas les mots pour la retenir.
Puis, tout-à-coup, la ligne fut coupée. Un grand vide envahit la chambre. Abasourdi, je m’endormis tout habillé, sans penser à rien.

2 commentaires:

  1. C'est maginfique, Jean-Louis. Vraiment...

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  2. Je voulais dire magnifique, bien sûr... les lettres ont glissé, peut-être pour former le mot "magique", car tu réussis à transfigurer, magiquement, la désespérance en quelques mots... magnifiques.

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