samedi 30 janvier 2010

Work In Progress (33)


La terrasse aux bambous, journal



J’ai aimé être jeune J’ai aimé être vieux J’ai aimé embrasser vos fleurs J’ai aimé vomir sur vos tombes J’ai tout aimé.


mardi 26 janvier 2010

Work In Progress (32)


La terrasse aux bambous, journal


Ces longues journées de neige, me devenaient épuisantes. Je continuais avec mes mails, et pas de réponse. Je m’installais dans l’hiver, et j’imaginais que pour elle, ce devait être bien pire encore... Je guettais les nouvelles, rien ne filtrait de ce pays en guerre, rien? Non rien. Sauf quelques linceuls blancs sur des caisses en bois, blancs comme le manteau léger qui couvrait tout l’Est de l’Europe.
Je m’abandonnais à la boisson, comme chaque jour, chaque soirée, lorsque un soir le téléphone sonna vers vingt et une heures. J’étais complètement ivre. C’était elle. Trois semaines sans un mail et soudain un coup de fil. Inattendu. J’étais incapable d’aligner trois mots. Je ne comprenais pas la situation. Le froid chez elle, l’horreur du froid de l’Est, les doigts givrés dans les mitaines. L’effort d’attendre pour avoir le téléphone, la ligne directe, enfin, et à l’autre bout un amant ivre de vin et de bonheur mêlés, muet ou ou presque... Tu me fais peur me dit-elle au bout de quelques minutes. Je ne sus que balbutier un “je suis désolé”, j’étais en larmes. Des remugles de solitude et de vinasse me remontaient à la gorge, les secondes passaient, et je la sentais partir, je la perdais... Je ne trouvais pas les mots pour la retenir.
Puis, tout-à-coup, la ligne fut coupée. Un grand vide envahit la chambre. Abasourdi, je m’endormis tout habillé, sans penser à rien.

vendredi 22 janvier 2010

Work In Progress (31)


La terrasse aux bambous, journal


Les journées se vidaient comme des semaines. Je pensais à ces poissons qu’on ouvre et dépèce dans le “Tambour” de Schondlorff. J’étais bien sur une plage pieds nus à faire des ronds dans le sable mouillé et froid.
Chaque jour j’envoyais un mail... Une simple phrase, tu me manques, du banal, je souffrais de ça. Une réponse laconique me parvenait cinq jour plus tard. Pas d’électricité. Je n’aurais jamais dû la laisser partir dans un pays en guerre. Mais voilà, elle était libre de moi, libre de tout. Et aller là-bas, servir une cause humanitaire, quelque horrible que ce fut, lui donnait dignité de femme et forçait mon admiration. Je l’aimais encore plus, et je buvais tout autant.
Ainsi passèrent trois mois. J’étais excité: j’allais la retrouver. Nous allions nous aimer comme au premier jour, j’inventerai des jeux sensuels à n’en plus finir, c’était la fin du calvaire!
Mais, alors que je me préparais à la recevoir, un mail arriva dans ma messagerie: Je reste encore trois mois, je ne peux les laisser... Je t’aime. Juste ces quelques mots, de quoi me démolir.
Je me précipitais chez le “dépanneur” du coin pour y acheter une bonne bouteille de Côte de Blaye, pour la savourer en réfléchissant à ce que je pouvais bien lui répondre. Mais je ne sus qu’écrire, elle avait gagné, une fois de plus sa jeunesse l’emmenait vers l’aventure. Nous étions en hiver, et je pensais au roman de Marc Lévy “Où es-tu”, que L m’avait offert avant de partir. J’espérais sans trop y croire, à une fin différente.