mardi 29 septembre 2009

Ecriture (3)


J’imagine, à l’appréhension du texte, un lent très lent mouvement d’approche. Déjà, je ne lis que chez moi, bien installé dans mon canapé avachi recouvert d’un bogolan Dogon. Cela est immuable, cette posture, cette lumière, celle du jour exclusivement. La nuit, je dors, équipé de cette “machine à respirer” qui contre mon apnée du sommeil avec un tel réconfort. Non mais il ne s’agit pas de ce mouvement physique, mais bien de mon intention de prendre du temps avant de lire. Je suppose que pour écrire, ce doit être pareil. A moins, et je le suppose parfois, au détour d’une fulgurance de mots qui débordent, qu’il ne s’agisse de l’inverse: la précipitation. Mais lire, c’est un temps félin, une entrée en lecture par circonvulations, comme la patte du chat que sa langue rapeuse vient lècher. Lire, c’est prendre son temps, certes, mais savourer, mettre en bouche, penser, s’éloigner sur les mots, revenir. Un jour, si je contrôle mon écriture, j’aimerais provoquer cela, le temps élastique.

Liberté d'expression, appel à solidarité


Pour aider un blog à survivre, Plume de presse (auteur Olivier Bonnet), menacé par la "justice", je vous invîte à lire ceci, ici. Bonne lecture, et solidarité.

dimanche 27 septembre 2009

Poésie


Expulsions: faites du chiffre!
Flics: faites du chiffre!
Fonctionnaires: faites du chiffre!
Hopitaux: faites du chiffre!
Bercy: faites du chiffre!
France Telecom: faites du chiffre!
Peugeot-citroën: faites du chiffre!
Traders: faites du chiffre!
DRH: faites du chiffre!

... ou suicidez-vous...

Le pavillon K (Revival)


Je me souviens, l’alcool m’a ôté 10 ans de vie... Ceci est mon histoire, en construction perpétuelle, comme toutes les histoires qu'on raconte aux enfants.


Le jour se lève sur la ville dans la ville.
Le jour se lève sur le Pavillon K.
A travers la fenêtre bouclée, le jour se lève sur le petit jardin en automne. Putain de pluie.
J’ai mal dormi, réveillé plusieurs fois, la mépronizine n’a pas d’effets sur moi. J’ai mal aux os. Je tremble. Mais après tout je suis là pour sevrage alcoolique. Allumer une cigarette est mon premier geste de la journée.
Pas le courage de prendre une douche - je verrai plus tard. Je vois toujours tout “plus tard”.
Descendre au rdc pour les médocs et le petit déjeuner. Encore une cigarette. On fume beaucoup à Sainte-Anne.
Le dej est expédié en 5 minutes. Retour aux clopes.
La journée va être longue.
Le valium agit plus vite que je ne le redoutais. Je tremble moins.
Maintenant, attendre.
Quoique je n’attende rien de précis, seulement que le temps passe, que les jours passent, pour aller mieux.

Maintenant je dois saluer la gentillesse, la disponibilité et la compétence des médecins et des infirmières. Je me souviens de l’une d’elles, en stage, qui met deux heures de transports pour venir à l’hopital... pour un salaire bien maigre et toujours le sourire!

Je suis resté dix jours. Maintenant ça va mieux, doucement, mais mieux, chaque jour un peu mieux. Ce ne fut pas l’enfer comme je le craignais, mais un véritable sauvetage.

L’alcool peut être une tragédie pour certaines personnes (comme moi) quand il y a un terrain favorable. Mais on peut s’en sortir, de cet enfer, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, à consulter. Seul, on n’y arrive pas.

Cette note est dédiée aux autres patients, que j’ai cotoyé, pas bavards, amochés par la vie, les souffrances de la vie. Mais qui, à force de solidarité, se mettent à parler et posent un sourire sur leurs visages.

Pour François B.

Victoria


... C'était mieux avec moi, Marie... Je le sens.... Je sens ce genre de choses, over the years....

Transe (figuration)


A la Kafka. A l’arrache. Miroir dis-moi tu me difformes??

5 heure du matin. Je marche comme un chat, sans un bruit, sur le parquet du vieil appartement parisien. Les bambous sont morts dans la nuit.

La bouilloire pour le thé hurle dans la cuisine.

Je me demande: qu’ai-je fait depuis 4 ans..?

Je me demande: qui suis-je devenu depuis 4 ans..?

Je ne sais pas, je ne sais plus...
Trop de substances licites ou prescrites, je me dis cela, pour me rassurer la nuit...




Cette nuit sans fin, j'en suis enfin revenu. J'ai un projet. Pas seulement pour plaire à ma psychiatre. Non, c'est pour moi: écrire. J'ignore encore sous quelle forme cela va apparaître, de quoi je vais accoucher (comme dirait Y.), mais c'est là, c'est palpable, réel, je sens les choses s'organiser autour de moi - je suis, à nouveau, léger comme un chat. Ad Lib.

samedi 26 septembre 2009

Ecriture (2)


3


Je suis seul ici, et l’on me plaint, on s’inquiète pour moi, on trouve que je me maltraite, ces amis qui se comptent sur les doigts d’une main selon Eugénie m’appellent régulièrement avec compassion, moi qui vient de découvrir que je n’aime pas les hommes, non, décidément je ne les aime pas, je les haïrais plutôt, et ceci expliquerait tout, cette haine tenace depuis toujours, j’entreprends un nouveau livre pour avoir un compagnon, un interlocuteur, quelqu’un avec qui manger et dormir, auprès duquel rêver et cauchemarder, le seul ami présentement tenable. Mon livre, mon compagnon, à l’origine, dans sa préméditation si rigoureux, a déjà commencé à me mener par le bout du nez, bien qu’apparemment je sois le maître absolu dans cette navigation à vue. Un diable s’est glissé dans mes soutes: T.B. Je me suis arrêté de le lire pour stopper l’emprisonnement. On dit que chaque réinjection du virus du sida par fluides, le sang, le sperme ou les larmes, réattaque le malade déjà contaminé, on prétend peut-être ça pour limiter les dégats.


Hervé Guibert, A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

vendredi 25 septembre 2009

Step by step


... dans l'ordre des choses, je suis le désordre...

Toscane (Part I)


Le voyage en train, de nuit jusqu’à Florence, passa comme une lettre à la poste - il faut dire que je fumais à l’époque, et que c’était autorisé dans les couloirs .
Il n’y avait pas grand’monde, nous étions en semaine. Bref, je n’ai pas dormi. Trop excité par mon voyage.
Arrivé à Florence, j’avais à peine le temps d’attraper la correspondance pour Arrezo où Luigi m’attendait. Là, j’ai dormi. Enfin dormi d’un œil, comment peut-on dormir devant une lumière aussi ardente, qui ronge les bordures de cyprès, au loin déssinés pour mon seul regard. La Toscane était donc bien réelle.
Mais je ne venais pas pour elle, enfin si mais pas seulement, ni pour les expressos que je m’envoyais sans sucre sur cette petite piazza d’Arrezo, non, je venais pour Piero Della Franscesca, mais ça, je ne le savais pas encore.
Luigi était en retard, je savourais cette matînée douce et déjà chaude, en fumant comme un pompier, le cœur léger: j’étais arrivé, et cela seul comptait car je commençais à tomber amoureux de la région.

jeudi 24 septembre 2009

Ecriture (1)


Je voudrais, enfin j’aimerais, écrire. J’ai toujours été fasciné par l’écriture, trouver les mots et les styles. Adolescent, je me gavais de lettrisme, surréalisme,dadaïsme, nouveau roman. J’ai même dévoré La Recherche à l’occasion d’un voyage en Irlande. Je lisais, je lisais, Duras, Dylan Thomas, mon eclectisme n’avait pas de limites.
Et bien entendu, je gribouillais des phrases sans queue ni tête, explorateur de Desnos, je me livrais à l’écriture automatique et autres cadavres exquis de Breton, dont j’admirais son Nadja, longtemps mon livre de chevet.

Aujourd’hui, quarante cinq ans plus tard, je n’ouvre plus le moindre ouvrage. La flemme? Certainement, les livres je les caresse, je les embrasse, et puis le coït n’a pas lieu, comme un amant désolé qui se refuse à l’orgasme. Pourtant les envies ne manquent pas de lire les jeunes auteurs, malgré de nombreuses déceptions, livres-produits et autres supercheries télévisuelles que je fuis comme la peste, il y a des écrivains dont j’aimerais bien venir aborder les continents. Je pense à Hervé Guibert, qui traine sur ma table depuis des mois.

Lire... après tout, peu importe si je n’y trouve plus l’envie.
Mais écrire! La voilà la belle affaire, le rivage de sauvageons et autres braseros de nuits avec ses danseuses ivres aux pieds nus et aux dents à croquer les étoiles, crachant les étincelles, éblouissant l’auditoire en se roulant dans le sable.

On trouve ça en Afrique, pauvre continent meurtri, dépouillé de ses richesses par les diamantaires du Nord. Afrique si attachante, seule au monde, recluse dans ses secets, religieuse versus animiste, on s’arrange. Afrique, une bière dans le maquis, un tambour, une flûte, un vieux baby-foot qui traine sous la seule ampoule au plafond pleine de coléoptères évanescents dans la moiteur du soir.

Je me souviens de Nicolas Bouvier, écrivain voyageur, balladin des mille continents de nos mondes réels et imaginaires, marcheur sans soif, homme simple et bien campé, ami des sorciers et des princesses voleuses de larmes...

Ecrire enfin, pour occuper mon temps, comme disait M.D. Oui j’aimerais bien cela.

Buzz


Cet homme est un dangereux malade.

mercredi 23 septembre 2009

When I am 64


...What a drag it is getting old...
(The Rolling Stones)

Flower First


... et mon amie la rose me l'a dit ce matin...

jeudi 17 septembre 2009

Les mille gouttes


Je plonge toujours dans de l'eau froide pour me réchauffer.

mardi 15 septembre 2009

Pas de Rock n Roll pour les suicides


France Telecom: 23 suicides en 18 mois. Le PDG Didier Lombard parle de “la mode des suicides” (...) “certes tragique”... J’ai écouté, puis j’ai vomi à la vue de ce personnage grassouillet et mal coiffé, transpirant.
“Il va réformer”... Mais réformer quoi? Le stress, les maladies somatiques, les prises de neuroleptiques, l’alcool, tout ce que ses salariés, pressés comme des citrons, mutés à droite ou à gauche du jour au lendemain, incurgitent pour “tenir”.
C’est étrange cette culture du chiffre, sois rentable et tais-toi, faute à la mondialisation, et patati et patata... Et si c’était la faute aux managements plutôt? Enfermer le salarié dans sa bulle, plus de syndicats ou si peu efficaces face aux rouleaux-compresseurs de la culture d’entreprise. L’individu est vulnérable, maléable à merci, jusqu’à ce que mort s’en suive...
La boucle est bouclée!
Est-ce ainsi que les hommes vivent?
Oui la VIE, la vie bordel, la VIE!!

lundi 14 septembre 2009

S(UN)gularismes


Auto promo pour un site singulier, composé de photos de Pascal Osten et de légendes déjantées de ma pomme... A voir ici.

mardi 8 septembre 2009

Rédemption


J’ai grossi.
Ça c’est depuis le Seresta et le Risperdal. J’ai pris 25 klgs, et en plus j’ai arrèté de fumer, alors en voilà 6 de plus!
J’ai traversé un long tunnel plutôt sombre, une blessure à l’âme (I gave her my heart, but she wanted my soul... Bob Dylan) qui a mis cinq ans à cicatriser, Love of my life (des Queen), je l’écoutais en boucle; d’ailleurs le disque s’appelle Live Killers, j’aurais dû me méfier... Puis, de temps en temps, de fenêtres grillagées en timides rédemptions Christiques, j’ai appris à saisir la lumière, à faire des ombres avec les mains, en bref, je me suis relevé, les yeux tournés vers le ciel de Sainte Anne.
Je jouais au ping pong en plein hiver, c’était un très bon exercice. Malgré tout, je ressentais comme un vide. Les psys appellent cela une absence de projet. Rien de grave de mon côté, j’étais vivant, gros mais vivant. Jamais ce mot, cela remonte à cinq ans déjà, ce mot oui: VIVANT, ne m’a ouvert l’esprit, et les envies, peu à peu, sont revenues. Le temps prend parfois, ce vicieux, des tours et des détours pour nous conduire à l’équilibre. Ad libidum

Mexico


Isla Mujeres. 03:00 PM. Même les requins du lagon font la sieste.

vendredi 4 septembre 2009

Le dîner chez Y


Ce fut une délicieuse soirée; Y cuisine merveilleusement bien, nous nous sommes régalés.
Comme à son habitude, elle m'a bombardé de questions, déformation professionnelle (? ;-), mais ce fut charmant car elle a le talent de le faire avec tact. Il faut dire que nous ne nous sommes pas revus depuis au moins dix ans, et que nous avons beaucoup de choses à nous raconter! Elle, son voyage en Chine, épique mais réussi grâce à sa ténacité; et moi queques anecdotes glanées ici ou là: des voyages, des galères (pas trop...), des projets et des souvenirs, en particulier un montage difficile avec Marie Jo Lafontaire (voir lien ci-contre) où j'avais 24 heures de rushs pour en faire 13 minutes, cela s'appelle Victoria et c'est une video-sculpture sur la prise de territoire dans le couple, poussés à son exacerbation.
Vraiment une soirée délicieuse, je me répète, comme on en aimerait plus souvent; j'ai eu l'impression de respirer un air sain. Merci Y.