dimanche 8 novembre 2009

Work In Progress (11)


La terrasse aux bambous, journal


C’est arrivé par une nuit d’été, chaude et parfumée de romarin, la fenêtre sur la terrasse aux bambous était ouverte, je me levais de mes brûmes éthyliques, l’impression étrange d’émerger d’un rêve emprunt(é) de légèreté et autres circonvulations cérébrales.
Voici déjà trois mois que j’ai cessé mes aventures virtuelles, je craignais trop d’être déçu par la réalité: j’étais cruel. On devient piètre et cruel quand on boit trop. Mais, en même temps, les choses avaient été claires dès le début, pas de rencontres, que des voix et des silences nocturnes jusqu’à l’aube. C’était grisant, jouissif, puis j’ai abandonné.
Cette nuit-là, ou du moins ce qu’il en restait, j’eus la curiosité de me connecter à nouveau, coup de poker, pour voir.
Las, j’allumais une cigarette, je fumais à l’époque, beaucoup trop. Je ne trouvais personne de mes connaissances sur le tchat, ce qui me remplit de joie, une fois de plus, j’étais cruel et hypocrite. Rien d'un enfant cette fois-ci. Sur le moment, soulagé. Mais libre désormais.
Et, en vérité, je me sentais seul, interné dans ma solitude chimique et alcoolisée, à la recherche d’une bonne partie de rigolade et rien d’autre. A ces heures tardives les internautes branchés font l’amour avec des mots écrits sans trop d’imagination, et il faut l’avouer, je revendique un certain talent dans cet exercice si particulier. Frimeur invétéré.
Après avoir lancé quelques bouteilles et autres bonsoir sans succés, je me mis à penser à mon futon qui me tendait les bras... Mais soudain, un message en retour, un aussi timide bonsoir que les miens vint me secouer de cette tièdasse torpeur qui faisait s'écrouler mon salon. Je mis un certain temps à répondre; rien de tel que la précipitation pour tout gâcher dans cette conjecture si hasardeuse...
Il faisait doux, c’était l’été, et ma petite “Voyageuse” frappait à ma porte... Je ne savais pas encore que cela allait devenir ma plus belle histoire d’amour de toute ma vie. Je répondis qu’elle devait vivre dans une maison avec du parquet qui grince et des fauteuils avec des housses blanches... Elle me répondit: comment as-tu deviné? Je ne sus que répondre. Alors nous avons parlé de traces de pieds mouillés sur le parquet, des taches qui ne sèchent pas vite, de ces fameux fauteuils.... Ma Voyageuse voulu m’envoyer une photo, et un jeu de piste commença. Ce fut d’abord une photo de son pied mouillé sur le parquet, je répondis par un cliché de mon tatouage droit... Et ainsi de suite, photos, musiques, échanges de dossiers, cela nous a conduit jusqu’au lever du soleil... J’étais aux anges, cette complicité si rapide, douce, intense, allait bouleverser ma vie. De plus cette Voyageuse en était vraiment une, avec appètit de vivre, d’aimer, et de partir. Loin.
Nous sous sommes mutuellement donné rendez-vous pour le lendemain. Un lendemain plein de promesses...

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