lundi 30 novembre 2009

Work In Progress (21)


La terrasse aux bambous, journal



A ce stade du récit, je me heurte à un mur. Celui de ces dix années perdues dans l’alcool. C’est soudain douloureux d’écrire. D’écrire que j’entrai, cette nuit là, dans la plus délicieuse de mes nuits d’éthers. Et que le souvenir est encore vivace et fort, j’aurais besoin d’une piqure de rappel nommée Talisker. Mais je ne céderai pas.
L., ma belle Voyageuse est vraiment la force et la beauté réunies. Ce soir de juillet, j’émergeai de mes brumes écossaises vers vingt-trois heures, naïf, joueur et enjoué, prèt à toute aventure, disons en forme en quelque sorte. J’allais prendre une douche.
Le téléphone sonna lorsque je rejoignai la chambre. Je laissai sonner deux fois, puis je décrochai. C’était elle. Je le savais. Où es-tu? me demanda-t-elle. Sur mon lit, répondis-je. Un silence. Une éternité. Un souffle à peine perceptible, là-bas, en Suisse, venait se mourir à Paris. Dans mon oreille, et dans tout mon corps frissonnant. Cette nuit allait semer le trouble entre une femme et un homme, séparés par des centaines de kilomètres et reliés par une ligne téléphonique incertaine. Je laissais L. aux commandes de la conversation. Va à ton ordi, je te présente quelqu’un! Je jettai un coup d’œil aux mails, et il y avait une photo de son chaton: Islapet. J’étais ravi. Nous parlâmes beaucoup du chat, histoire de détendre l’atmosphère, mais les longs silences revinrent bien vite, nous laissant livrés à nos pulsions sensuelles, car l’instant magique de notre union allait arriver.
Nous nous parlions à voix basse, à travers les souffles et les soupirs, désarmant de Love Supreme. Elle chuchotait, je guidais ses gestes, elle m’écoutait et guidait les miens. Nous nous unissions, dans la nuit chaude, jusqu’à l’exhaltation, la jouissance, nos cris, nos souffles, nos respirations lourdes et libérées. Nous venions de faire l’amour, et bien plus que cela, de nous aimer, tout simplement.
La suite de nos nuits sans sommeil allait nous le confirmer, bien au-delà de nos imaginations réunies.

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