mardi 24 novembre 2009

Work In Progress (20)


La terrasse aux bambous, journal

Dix huit heures. Les pieds nus sur le parquet de chêne, un tour vers la terrasse. Un verre de pur malt à la santé de Kenzo. L’air est chaud, une vraie douceur. Je bois trop, sans arrèt, je le sais, ça me rend nerveux. C’est mon talon d’Achille. La boisson, surtout le whisky, ça m’emporte loin dans la démesure et l’abandon de soi. Après avoir bu, je m’abandonne à n’importe quel prétexte pour continuer à boire. Même écrire. Surtout écrire. Mais je ne regrette pas ces dix années d’alcoolisme, à ma manière, imaginatif bien que solitaire, j’étais heureux. Privé de vie sociale, j’ai fait le tour du lien virtuel. C’était nouveau, passionnant, un vertige de se perdre dans les filets de son propre cerveau démantibulé par d’incroyables découvertes pourvu qu’on ait une imagination roborative.
Mais ce jour d’été-là, dans la douceur de cette soirée-là, j’étais confronté à un dilemme. L. me posait un problème. Je regardais à nouveau les photos de la nuit dernière. Portrait avec chaise, par exemple. J’admirais la prise de vue, l’éloquence du cliché, la suggestion de la pose, tout me plaisait, m’envoutait... à l’excés. Je pris peur, tel le perdant que j’étais devant le sentiment qui commençait à germer en moi.
Je décidais de m’ennivrer en rêvassant. J’avais honte de moi, un vrai vomi de ma personne. Je pleurais dans mon verre. Pour la première fois, malheureux.

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