vendredi 4 décembre 2009

Work In Progress (22)


La terrasse aux bambous, journal


Puis nos nuits sans sommeil, qui valaient des années de veille, se succédèrent au rythme de nos disponibilités, L travaillant souvent en nocturne.
C’était toujours le même cérémonial, nous nous postions des mails enflammés, accompagnés de photographies de plus en plus érotiques,
la joie de les découvrir était comme un tourbillon d’ivresse, puis, vers minuit, j’allais rejoindre ma chambre, non sans avoir au préalable allumé une bougie parfumée au santal. Et je composais le numéro chéri... Au bout de la ligne, un timide ou fatigué coucou, parfois un enjoué bonsoir m’acceuillait, cela dépendait des nuits, mais bien vite le plaisir de nous entendre prenait le dessus, et nous commençions à nous raconter nos journées. L ne savait pas que je buvais à l’époque. J’étais toujours en pleine forme au creux de la nuit. Ma Voyageuse ne tardait pas à me suivre dans mes divagations sensuelles, et à son tour m’entrainait dans les siennes...
Et puis un soir, après plusieurs heures de somptueuses jouissances, que même mes rêves les plus érotiques ne pourraient reproduire, il me vint soudain, au sommet de l’extase conjuguée à la sienne, un cri qui me remontait du ventre, et je hurlais, dans un souffle plus puissant que les autres et qui me tétanisait un JE T’AIME! impossible à réprimer, qui me souleva, malgré moi et mon serment de ne plus jamais dire ces deux mots, jusqu’à le répéter à l’infini comme un écho, et qui vint mourir dans mon jouir de l’avoir enfin dit, comme une délivrance. Et au creux de cet écho, à l'autre bout de la ligne, un je t'aime retentit, accompagné de pleurs de joie.

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