mardi 20 octobre 2009

Work In Progress (3)


La terrasse aux bambous, journal

Rewind. Les dix années perdues.
Parfois, dans un éclair fulgurant, je les vois passer, ces maudites années d’alcool et de débauche imaginaire. En vérité, je sais que Sagan avait raison avec son “vivre vite”, toucher à tous les excés. Die Young, Stay pretty, chantait Blondie dans les années quatre vingts. Mais moi j’ai pris les choses à l’envers, ce n’était pas pour un dérèglement des sens Rimbaldien et sous un certain angle une vision de la jouissance, mais par pure destruction. J’étais un enfant.

Par ailleurs, il faut dire que ça fait vingt ans que je ne dors plus sans la chimie. Une nuit, alors que je venais de débarquer à Dijon pour un travail, je me suis retrouvé insomniaque absolu. Médecin au petit matin, témesta 2.5, halcion. J’ai dormi toute la journée comme un bébé. Le soir, j’attaquais une bouteille de bordeaux. A mon plus grand étonnement je supportais bien les mélanges.
Puis les dix années suivantes passèrent à un rythme éffréné - mais je ne buvais plus, j’allais à des concerts de rock avec un journaliste de Rock’n folk, dans les afters, les back-rooms, tout roulait comme dans un tourbillon, je suivais le rythme. Je faisais régulièrement la fermeture des bars de Pigale au café, avant de me gaver de frites au vinaigre sur le boulevard.

Et puis un soir, par pure distraction et désœuvrement, je me suis remis à boire. Je buvais pour écrire. Les dix années perdues commencèrent ainsi. J’ai perdu le manuscrit, le titre était: “Le vertige de perdre”, ce qui épousait bien mes états d’âme du moment. Je ne travaillais plus, je prenais des autobus au hasard des lignes, pour aller n’importe où, dans des rades inconnus. Puis j’eus rapidement mes habitudes, j’étais connu dans les bars du Luxembourg. Je buvais un Sauvignon, puis je rentrais me finir au pure malt devant ma machine à écrire.
L’alcool était bel et bien revenu, et en abondance. Je m’enfonçais chaque nuit un peu plus dans le noir glauque de mon écriture incertaine et vaine. Et je ne voyais plus personne, hormis les barmen, bref j’étais heureux.

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