mardi 27 octobre 2009

Work In Progress (6)


La terrasse aux bambous, journal

Les mois passaient ainsi, de plus en plus longs et froids. J’en vins à me contenter du 89, et ses jolies lycéennes. Puis je décidais d’abandonner les bus, et de me jeter à corps et âme perdus sur les tchats d’Internet. Je dormais, ivresse aidant, jusqu’à minuit, et, à peine éveillé me connectais sur wanadoo. Et je draguais. Pendant des heures, je parlais à des inconnues jusqu’à l’aube.
Souvent cela se terminait au téléphone et nous faisions l’amour avec juste notre voix. En y repensant, j’éprouve une vaine tristesse mais je ne regrette rien. J’étais dans un état second. Je me souviens d’un petit livre dont le titre est “The voice”, et qui parle de ce genre de relations virtuelles, bien qu’il y ait de la chair dans une voix sensuelle, et aussi dans les souffles, les murmures, et les silences. Et pas la moindre mélancolie ne vint jamais caresser ces instants.
Je me sentais bouleversé dans l’incarnation de ces voix de la nuit, une émotion indicible. De plus, j’étais réellement sincère, je me livrais à ces femmes, et je leur donnais du plaisir, une jouissance même, dans des lits, des baignoires, que sais-je, l’imaginaire nous emmenait loin dans des décors improvisés, d’encens et de bougies parfumées.
Cela durait des heures, nous nous ruinions en notes de telephone, mais qu’importe, nous nous apportions du bonheur. Bien réel.
Et, jusqu’à mon contact avec L., je n’ai jamais voulu rencontrer ces femmes, de peur de briser les magies de la nuit. La suite, différente et ostentatoire, me démontra que j’avais eu tord. Là, une nuit d’été, fenêtres ouvertes sur la terrasse aux bambous, vers deux heures du matin, je croisais le verbe avec ma “voyageuse”, et ma vie bascula dans un trop plein qui, je le sus assez vite, allait bouleverser ma vie pour dix ans.

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