lundi 7 décembre 2009

Work In Progress (23)


La terrasse aux bambous, journal

C’est bouleversant, la légèreté. Le cœur léger comme un oisillon qui crie famine dans son nid. Je me sentais en complaisance. Le sentiment étrange d’avoir passé un cap. Une limite avait été franchie, et j’étais le plus aimé et heureux des hommes. N’est-ce pas ce qu’on se dit? J’étais en amour avec L, et elle avec moi. J’étais transfiguré, lent, sans fil, tout sauf sérieux. Je buvais toujours autant hélas, et je fumais ces maudites blondes.
Même si les notes de téléphones nous avaient quelque peu refroidis, nous continuions à nous aimer au-delà des montagnes. C’était de plus en plus intense, nous nous consumions comme des enfants, à nous casser les voix, nos souffles, nos frissons, nos extases.
Je ne saurais dire pourquoi une femme et un homme qui se complaisent dans l’onanisme, formule exécrable s’il en est, et guident leurs plaisirs par des mots tendres et des soupirs au téléphone, à mon sens, font vraiment l’amour.... A cette époque, j’étais comme un chien fou dans notre complicité, j’osais tout. Du plus sensuel au moins porno, mais, dès lors que nous nous étions dit que nous nous aimions d’un amour absolu, nous passions plus de temps à nous découvrir l’un l’autre, nous nous séduisions au fil de nos nuits suaves et légères. Mais le manque commençait à nous percer corps et âmes, nous commençions à atteindre les limites de nos échanges libertins. Nous devions passer le cap, nous n’en pouvions plus de nous attendre, nous nous aimions d’amour absolu. Nous avions à aller au-delà de tout ça, nous retrouver, nous éprouver, nous aimer enfin, nous rencontrer. Et cela arriva dans des circonstances assez particulières, car tout, dans notre histoire, ne ressemblait à rien d’autre, livrés que nous étions à tous les excès.

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