jeudi 10 décembre 2009

Work In Progress (24)


La terrasse aux bambous, journal


Une semaine passa, sans le moindre coup de fil. Nous étions en août et ruinés. L’air était doux, vaporeux et lent. L’idéal pour fumer sur la terrasse. L me manquait. Mais elle était en famille en Bretagne, restaient les SMS amoureux et enflammés.
Et les mails, les photos. Nos habitudes. Mais nos habitudes, nous devions les faire s’écrouler. Les réduire en cendres, nous avions fait le tour de la question. Elle et moi étions exigeants. L, plus que moi d’ailleurs.
Vint cette fameuse nuit de son retour en Suisse, dans sa petite Panda noire. Elle m’envoya un texto pour m’avertir qu’elle m’appellerait en arrivant. J’étais ivre, je ne reçu jamais le SMS. Je dormais, télé allumée sur un concert de Fauré.
Le téléphonne crissa comme une paire de pneus en travers de mon cerveau abruti. C’était ma Voyageuse amoureuse qui venait de rentrer. Je balbutiai quelques mots d’amour avant de me ressaisir et de lui jetter à l’oreille: je veux te voir! Quoi? Maintenant? répliqua-t-elle. Oui, murmurai-je, cette fois tout-à-fait libéré de mes brumes nocturnes. Cap ou pas cap? l’interrogeais-je, totalement inconscient de ce que je lui demandais, mais si amoureux que je ne me rendais pas compte de l’énormité de ma question. Je viens de faire plus de mille bornes, soupira-t-elle. Mais je t’aime cria-t-elle dans la foulée. J’arrive.
Maintenant? Maintenant.
Je regardais l’heure: deux heures trente du matin. Mon sang bouillonnait, j’étais aux anges. Je filais fumer sur la terrasse, il faisait chaud. C’était l’été et ma vie basculait vers l’autre monde, celui de l’amour fou. Je ne savais pas comment occuper mon temps en l’attendant. Je mis le portable à recharger. Je changeai les draps. Je buvais quelques lampées de Scotch. Je me lavais les dents, puis finalement pris une douche. J’étais comme un chien fou. Tiger On Vaseline, chantait David Bowie. Je trépignais. J’avais au moins quatre à cinq heures à attendre.

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